Opérette: la Tante de Charley à la Künstlerhaus en janvier

Les amateurs d’opéra munichois se souviennent du grand succès remporté à l’été 2012 par le Kammeroper München avec sa production de la Cenerentola au château de Nymphenburg. On retrouvera cette jeune troupe dynamique en janvier avec la création d’une opérette à la Maison des Artistes de Munich (Künstlerhaus). Un rendez-vous à ne pas manquer!



Dominik Wilgenbus et les solistes du Kammeroper München (L’opéra de chambre de Munich) créeront en janvier Charleys Tante, une opérette basée sur la comédie de boulevard de Brandon Thomas et des musiques d’un compositeur allemand quasi oublié, Ernst Fischer* . Le livret de l’opérette et le texte des chansons ont été écrits par Dominik Wilgenbus sur un arrangement des musiques d’Ernst Fischer par Alexander Krampe.



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La Tante de Charley à la Künstlerhaus de Munich: un spectacle désopilant! Recension.



Un public huppé d’amateurs enjoués assistait jeudi soir à la Première mondiale de la nouvelle production du Kammeroper München dans le cadre élégant de la Maison des Artistes de Munich (Künstlerhaus). Le metteur en scène Dominik Wilgenbus et les solistes du Kammeroper München (l’opéra de chambre de Munich) y ont remporté un franc succès avec Charleys Tante, une opérette basée sur la comédie de boulevard de Brandon Thomas et des musiques d’un compositeur allemand quasi oublié, Ernst Fischer. Le public germanophone est familier de l’action de Charleys Tante, qu’il connaît pour avoir vu et revu le film autrichien que Géza von Cziffra avait tourné en 1963 avec Peter Alexander dans le rôle-titre. Cinquante années plus tard, Dominik Wilgenbus a eu l’idée d’en faire une opérette dont il a écrit tant le livret que le texte des chansons sur un arrangement de musiques d’Ernst Fischer par Alexander Krampe.



Le cadre prestigieux de la Maison des Artistes convient particulièrement bien à la transposition de cette comédie à l’esprit oxfordien et victorien: la Maison des Artistes de Munich avait été ouverte en 1900 et avait pour vocation d’être un lieu de rencontre entre les artistes et les milieux patriciens de l’époque, soient 8 ans à peine après la première anglaise de la pièce de Brandon Thomas. Dominik Wilgenbus arborait d’ailleurs hier soir un superbe costume victorien à la Oscar Wilde pour la présentation de son opérette, clin d’oeil aux costumes d’époque très réussis d’Uschi Haug, qui a su les façonner en les dotant d’un touch victorien incomparable.



L’espace scénique confiné exige de l’ingéniosité: les musiciens sont placés côté cour sous la direction vive et légère de Nabil Shehata qui ajoute la finesse de son interprétation à la jovialité de la musique, on peut imaginer qu’il font partie du personnel d’un grand salon bourgeois. Le décor des appartements de Charley, puis ceux de Lord Spettigue sont évoqués par un mur de livres géants ,-ils font de deux à trois mètres de hauteur-, livres de philosophie ou de botanique placés là pour rendre l’atmosphère studieuse de l’universitaire Oxford. Des oeuvres de Platon et de Kant y côtoient l’Encyclopedia britannica ou des livres sur les insectes. Certains des dos de livres s’ouvrent pour livrer nourriture et boissons, d’autres sont des portes qui permettent le passage supposé vers d’autres pièces des appartements. Un décor évocateur, pratique et ingénieux dû à Peter Engel.



La mise en scène de Dominik Wilgenbus est un véritable poème de synchronisation, il fait virevolter l’action en utilisant toutes les ressources du comique de situation et du comique gestuel. Son livret n’étant pas avare de jeux de mots, toutes les conditions sont réunies pour que le public passe une soirée hilarante. La circulation des acteurs est réglée au métronome, ce qu’exige l’espace scénique réduit. Les mouvements chorégraphiés par Bettina Fritsche relèvent de la même précision et de la même efficacité. Wilgenbus et Fritsche ont exigé le meilleur des capacités des chanteurs en leur demandant parfois des exploits de gymnastes. Ainsi de la prestation athlétique quasi acrobatique de Maximilian Kiener qui a tous les atouts d’un physique de jeune premier, visiblement très sportif. Il joue un Charley élégant et plein d’entrain. Son ténor léger se marie parfaitement bien au soprano léger d’Anne Steffens, dans le rôle d’Amy Spettigue. Alors que Lord Babbeley travesti en tante de Charley parvient à faire signer une promesse de mariage au très sourcilleux Lord Spettigue, les deux jeunes gens expriment leur joie en faisant de grandes roues croisées.



Les chanteurs déploient tous de grands talents de comédiens, avec un Max Nowka particulièrement remarqué et célébré pour son interprétation de Lord Babbeley, un beau ténor, une grande présence scénique et une performance de transformiste qui ont enchanté le public. Stefan Kasner amuse beaucoup en un Lord Spettigue plus écossais que nature. Tous les personnages sont caricaturés, ainsi de Katharina Konradi qui joue délicieusement les ingénues ou de Thorsten Frisch en colonel ruiné. Dominik Wilgenbus a revêtu le costume d’un buttler qu’il interprète avec d’autant plus de talent qu’il en a écrit lui-même les réparties à l’humour très british. Enfin Katharina Blaschke campe avec une dignité et une pondération amusées la vraie tante de Charley, qui ne s’offusquera pas de la supercherie organisée.



On s’amuse beaucoup à la nouvelle production de cette troupe. Si l’on veut passer une bonne soirée délassante et enjouée à Munich, animée par une troupe enthousiaste, c’est le spectacle à ne pas manquer!