Un Eugene Oneguine homosexuel à l'Opéra de Munich

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Le Bayerische Staatsoper donne pour quelques soirées, les 21, 24 et 28 mars 2012, Eugène Onéguine (1879) de Piotr Illitch Tchaïkovski. Rappelons que le livret est de la main même du compositeur qui l’a composé d’après le roman en vers éponyme de Pouchkine.



L’Opéra de Munich reprend la mise en scène que Krzysztof Warlikowski avait conçue en 2007. Le rôle titre sera chanté par Simon Keenlyside, celui de l’écrivain Lenski par Pavol Breslik. On attend beaucoup de la Tatiana d’Ekaterina Scherbachenko. La cantatrice a récemment fait ses débuts à Munich dans le rôle de Liu (Turandot), des débuts très applaudis et couronnés de succès. Au pupitre, le jeune chef d’orchestre finnois Pietari Inkinen.



Warlikowski donne une interprétation radicale de l’étude tchaïkovskienne de la solitude. D’Oneguine le metteur en scène projette l’image d’un être tourmenté à l’homosexualité refoulée. Il voit plus que de la simple amitié entre Lenski et Onéguine. Au deuxième acte, la violence de sa querelle et de son duel avec Lenski est amplifiée par l’aveu de l’attirance physique qu’il éprouve pour son rival. Partant, le duel devient l’épicentre de sa vie, tout comme l’amour inassouvi est celui de la vie de Tatiana. Onéguine sombre dans une folie qui le confronte à ses pulsions homosexuelles. Warlikowski réinterprète l’oeuvre à la lumière de l’homosexualité du compositeur, de la manière la plus explicite qui soit. Il emprunte des images à l’imaginaire de l’érotisme homosexuel contemporain: un ballet de strip-teaseurs ouvre l’opéra, les deux amis effectueront quelques pas de danse de salon, le duel entre Lenski et Onéguine se déroule sur un lit à la tête duquel est venu se placer le symbole incarné d’un bel étalon aux muscles saillants sous son marcel. A la fin du duel, des cow-boys aux torses nus sous des gilets de cuir, tout aussi baraqués, dansent autour du lit funèbre.



A la première en 2007, comme on peut se l’imaginer, le public s’était partagé entre enthousiasme délirant et huées frénétiques quant à la lecture homoérotique de la mise en scène. Quoiqu’il en soit, on reconnaîtra à Warlikowski la capacité de dessiner très précisément les contours psychologiques des personnages, et son extrapolation homosexuelle, si elle n’est pas littérale, est tout au moins plausible et défendable. Elle fait émerger tant les motivations latentes de l’action que la personnalité profonde du compositeur.



En russe avec surtitres allemands.