Mozart sur le lac: la Flûte enchantée à Bregenz

Source de l’info, liens et reportage photographique sur <LINK_TEXT text=« http://munichandco.blogspot.de/2013/07/ … al-de.html »>http://munichandco.blogspot.de/2013/07/la-flute-enchantee-au-festival-de.html</LINK_TEXT>



Le Festival de Bregenz a donné hier soir sa grande première avec la Flûte enchantée mise en scène par David Pountney, qui est également le directeur général du festival. Le grand amphithéâtre de la scène sur le lac affichait complet pour cette première qui a lieu tous les deux ans, 7000 personnes y avaient trouvé place et étaient venues s’émerveiller de la féerie mise en place par le metteur en scène britannique. On pourra en lire un article d’introduction en cliquant ici.



David Pountney a relié l’opéra de Mozart aux mythologies anciennes qui de la Chine ou du subcontinent indien aux Iroquois amérindiens placent le monde sur la carapace d’une immense tortue. Diverses cultures ont fait de la tortue, ronde sur le dessus et plate en dessous, la représentation vivante de l’univers: la tortue nageant dans l’océan primordial a contribué à la formation de la terre; cosmogonique, elle se fait cosmophore. L’histoire mozartienne de la lutte entre les forces obscures et magiques de la nature et les forces solaires et transformatrices des épreuves initiatiques et de l’avancée vers une humanité nouvelle prend ici place dans les eaux primordiales du lac de Constance et conduit à la création d’un nouvel Adam et d’une nouvelle Eve qui à la fin du spectacle viendront rejoindre les spectacles et en renouveler l’humanité. Pountney inclut ainsi les spectateurs dans sa vision du monde: chacun de nous peut être un Tamino ou une Pamina et parcourir un trajet initiatique de développement personnel.



David Pountney est sans doute un génial rêveur ludique et inventif dans le processus créatif, un créateur qui s’amuse et veut donner du plaisir, mais c’est à la fois un excellent gestionnaire qui a su s’entourer d’une équipe de créateurs et de techniciens extrêmement performants. Sous le rêve se trouvent un montage financier d’envergure et une ingénierie technique audacieuse.



Quelques chiffres, éléments du superlatif



-L’estimation du coût des décors: plus de 7 millions d’euros sur un budget total de 20 millions

Les organisateurs espèrent dépasser les 75 pour cent d’occupation, c’est-à-dire plus de 300.000 spectateurs

-Le décor doit rester en place le temps de deux festivals, il doit résister à l’hiver comme à l’été: les matériaux utilisés doivent supporter des températures allant de moins vingt à plus quarante degrés C.

-La scène sur le lac est construite sur pilotis: 119 pieux de bois et d’acier sont enfoncés dans le sol du lac.

-80 hauts-parleurs sont dissimulés sur scène et 800 autres dans l’amphithéâtre. Le fameux système BOA (Bregenz Open Acoustics) permet aux spectateurs de localiser l’origine du son sur scène.

Un carrousel sous-marin constitué de rails entoure la scène centrale et permet de convoyer toute une série d’objets mobiles en donnant l’illusion qu’ils naviguent: la main sur laquelle Tamino fait son entrée en scène, la barque funéraire du père de Pamina, la tortue qui porte une cage de verre où est enfermée Pamina, l’oeuf qui convoie Papagena vers son bien aimé,…

-Les dragons-chiens ont une hauteur de 27 mètres et dissimulent toute une technique et des escaliers qui permettent aux chanteurs et aux acrobates d’accéder aux passerelles supérieures qui les relient entre eux. Les passserelles ont respectivement 19 et 25 mètres de longueur et sont situées à 17 mètres au-dessus de la surface du lac.

-La scène centrale, la carapace de la tortue, peut pivoter sur elle-même de 180 degrés en 40 secondes et permet les changements de décor: on passe du monde vert de la nature avec sa gigantesque forêt de graminées qui peuvent se dresser au s’affaisser (par gonflage et dégonflage) au monde minéral et doré de Sarastro, avec ses poings symboliques. 125 énormes brins constituent la forêt. Ils sont recouverts de toile spéciale pour ballons et ont été confectionnés par les ateliers du festival. Le plus haut des ‹ brins › atteint 6 mètres 30.

-16 containers de 6 mètres de longueur se trouvent dissimulés en arrière scène et servent d’entrepôts et de garde-robes. La superficie totale de rangement de l’arrière-scène est de 828 mètres-carrés .

-Le spectacle a été réduit pour des raisons organisationnelles (il commence à la tombée de la nuit et doit se terminer à temps pour que les spectateurs aient accès aux derniers trains). Il dure 2 heures 15 minutes, soient une vingtaine de minutes de moins que lorsque l’opéra est joué dans son intégralité. les coupures concernent essentiellement les dialogues parlés et un tercet au deuxième acte. Le spectacle se déroule sans entracte.

-Tout est à vendre après les deux saisons festivalières, des costumes aux chiens dragons, s’ils trouvent des acquéreurs qui s’occupent de les transporter, tâche peut-être impossible.